Le Rapé

Le Rapé

Largement utilisé parmi les peuples indigènes de la famille linguistique Pano, le Rapé est appelé «Dume Deshke» en langue indigène hatxa kuĩ (dume = tabac et deshke = poudre). En français il pourrait s’apparenter au tabac à priser. Le Rapé est une médecine ancestrale de la forêt Amazonienne qui possède de nombreuses vertus. Il se présente sous forme de poudre très fine préparée à base de plantes séchées et de cendre de bois de divers arbres d’Amazonie.

Comment reçoit-on le Rapé ?

La poudre est soufflée dans les narines avec un instrument appelé tepi, lorsque nous le recevons d’une autre personne (généralement le chamane). Il est également possible de se l’auto appliquer à l’aide d’un kuripe, qui a la forme d’un « V ». Ces applicateurs sont fabriqués à partir de différentes matières premières telles que la taboca (sorte de bambous) ou les os de certains animaux tel que le singe, l’aigle etc. Le choix du matériel est important car selon la cosmovision indigène, l’esprit (xinã) des animaux se connecte au xinã de celui qui souffle le rapé pour agir sur la personne qui le reçoit (d’où l’importance de ne pas le recevoir de n’importe qui…). Rapidement après la prise, la personne ressent le besoin d’évacuer le Rapé, ce qui est préférable car ce dernier ne doit pas être ingéré. Il est donc normal de crachoter et de se moucher.

Bénéfices du Rapé

Dans la cosmovision indigène, celui qui reçoit le Rapé, reçoit une forte énergie qui le connecte à la force de la Terre et de ses ancêtres. L’esprit de guérison du Rapé nettoie l’individu des maux et éloigne les mauvais esprits.

Le Rapé améliore la vision au sens physiologique et spirituel. Il est utilisé traditionnellement par les chasseurs pour améliorer l’acuité visuelle. Il procure une clarté d’esprit en dissipant la confusion mentale et en augmentant la concentration, d’où son utilisation bénéfique avant une méditation. 

Le Rapé est aussi reconnu pour soulager efficacement les maux de tête et purifier les sinus encombrés.  

Composition du Rapé

Il existe de nombreuses manières de préparer le Rapé. Chaque ethnie et village possède sa propre recette avec diverses variantes en fonction de la saison, du but recherche et de qui le prépare. 

Lors de notre immersion en Terre Indigène Huni Kuin, dans un village localisé le long des berges de la rivière Humaitá nous avons eu le plaisir de participer à la préparation de ce remède. 

Dans ce cas précis, le mélange comprenait des feuilles de tabac, de Japa (shina kama) et de Tashka et des écorces de Tsunu (Platycyamus regnelii) et de Cacau. Les feuilles sont séchées au soleil, broyées dans un pilon puis mélanger avec les cendres des écorces. Cette poudre est ensuite tamisée à l’aide d’un voile très fin.

Durant la préparation, les Huni Kuĩ s’appliquent à maintenir des pensées positives et à formuler leurs intentions quant aux vertus souhaitées pour ce remède. Il est de coutume de suivre un régime équilibré avant de commencer la préparation et de maintenir l’abstinence sexuelle.

Chaque plante procure au rapé des caractéristiques particulières. L’écorce de Cacau contribue à clarifier l’esprit, celle de Tsunu à donner de la force aux pensées ou encore dans sa fonction physique à lutter contre le refroidissement. La feuille de Japa quant à elle ouvre les pensées et permet la création positive, et celle de Tashka augmente l’énergie vitale…

Comme évoqué plus haut, chaque ethnie fait son propre mélange. L’utilisation de cendre de Cumaru (Dipteryx odorata) et le Murici (Byrsonima crassifólia) est assez courante. Notons aussi que le tabac ne rentre pas nécessairement dans la composition du Rapé comme par exemple celui préparé par l’ethnie Apurinã, facilement identifiable par sa belle couleur verte.

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